"La crise multiforme que notre pays traverse est l’occasion de donner sa chance à l’ESS"
Publiée le 12/02/2021 -
Administrateur de SMACL Assurances et président du Crédit Coopératif depuis décembre 2020, Jérôme Saddier est aussi un fervent défenseur du secteur de l’Économie sociale et solidaire (ESS) et de ses acteurs. Découvrez sa vision de la place de l'ESS dans l'économie en général mais aussi les difficultés actuelles qu'elles rencontrent.
« L’ESS fait partie des solutions, si l’on veut bien soutenir sa capacité d’innovation, de solidarité et de transformation ».
Jérôme Saddier, Administrateur de SMACL Assurances et président du Crédit Coopératif.
1/ Quels sont les enseignements de la période actuelle sur les forces et fragilités des acteurs de l'ESS ?
L’ESS est une façon d’entreprendre basée sur l’engagement collectif des personnes, qui prend des formes juridiques diverses, afin de répondre à un besoin d’utilité sociale et/ou collective. Cela implique des modèles entrepreneuriaux singulièrement différents des modèles d’entreprises à capitaux, car la ressource économique provient des apports des personnes, des activités, et parfois des subventions reçues. Ces modèles de l’ESS, parce qu’ils ne sont pas « branchés » sur une économie largement mondialisée et financiarisée, avaient démontré une vraie résilience pendant la crise financière de 2008/2009, qui avait lourdement frappé les activités qui y étaient liées. La crise que nous connaissons est en revanche une crise de l’économie réelle, puisqu’elle résulte de l’arrêt des activités ou de leur ralentissement du fait des contraintes imposées dans nos vies. L’ESS n’est donc pas épargnée, et ses modèles économiques, qui se caractérisent souvent par des réserves financières moins importantes notamment dans le secteur associatif, sont largement mis à mal en dépit des dispositifs de soutien mis en place. Au-delà des seules considérations économiques, le reflux de l’engagement bénévole compte tenu des contraintes sanitaires, est lui aussi un facteur de fragilisation.
2/ Des secteurs économiques sont en grande souffrance. En est-il de même pour le secteur de l'ESS ?
L’ESS est présente dans de très nombreux secteurs d’activité, et elle est donc pleinement impactée par la crise, au même titre que les autres acteurs économiques. On peut néanmoins distinguer deux grandes catégories. D'une part, les activités de santé, d'aide à domicile, de solidarité, qui sont en première ligne depuis le début de la crise, aux côtés des activités « essentielles » de la distribution et du commerce, de la banque et de l’assurance dans lesquelles l’ESS est fortement représentée. D'autre part, des activités emblématiques de l’ESS sont à l’arrêt comme la culture, le sport amateur, le tourisme social ou l’éducation populaire, avec des conséquences qui risquent d’être dramatiques, malgré les mesures gouvernementales de soutien et de relance. ESS France et les réseaux d’acteurs sont totalement mobilisés pour faciliter l’accès à ces dispositifs, pour que les entreprises et organisations de l’ESS soient traitées à l’égale des autres. Cependant, seule une reprise des activités pourra redonner une confiance suffisante en l’avenir, tant sur le plan économique que sur celui de l’engagement des personnes. Si cette crise qui touche l'économie réelle révèle le formidable potentiel de solidarité de l’ESS, elle en révèle aussi les fragilités des modèles financiers auxquelles il faudra remédier.
3/ ESS France rend visible la place des structures de l'ESS dans l'économie et la vitalité de notre pays. Quels sont les enjeux économiques et sociaux pour les prochains mois ? À plus long terme ?
La crise multiforme que notre pays traverse est l’occasion de donner sa chance à l’ESS. Les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire ne sont pas sans liens avec des choix publics contestables, que ce soit en matière d’organisation de la santé publique, de délocalisation de production industrielle… Nous avons pris collectivement conscience, parfois dans une certaine sidération, que notre modèle économique et social n’était pas aussi performant qu’il le prétendait et que nous le croyions. C’est à cela qu’il va falloir s’atteler, et j’ai la conviction que l’ESS fait partie des solutions, si l’on veut bien soutenir sa capacité d’innovation, de solidarité et de transformation. Il faut relever l’économie, mais il faut aussi la transformer en y intégrant les impératifs de solidarité et d’innovation sociale, de relocalisation et de cohésion territoriale, de transition énergétique et alimentaire… C’est pourquoi ESS France mobilise ses réseaux pour d’une part intégrer l’ESS dans les mécanismes de la relance, mais aussi d’autre part pour souligner « politiquement » combien les modèles entrepreneuriaux et les finalités de l’ESS sont en cohérence avec les enjeux : agir collectivement dans un but commun ; être soucieux de l’emploi des ressources (humaines, financières et naturelles) en agissant de manière durable et résiliente ; instiller de la démocratie et de la proximité dans l’économie ; enfin, s’extraire de la pression du résultat financier pour incarner une autre conception de la production et du partage de la valeur. C’est tout le sens du projet de la « République de l’ESS », une plateforme contributive ouverte à tous les citoyens, qui vise à fédérer et mieux faire connaître l’ESS aux citoyens et aux décideurs.
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« L’ESS fait partie des solutions, si l’on veut bien soutenir sa capacité d’innovation, de solidarité et de transformation ».
Jérôme Saddier, Administrateur de SMACL Assurances et président du Crédit Coopératif.
1/ Quels sont les enseignements de la période actuelle sur les forces et fragilités des acteurs de l'ESS ?
L’ESS est une façon d’entreprendre basée sur l’engagement collectif des personnes, qui prend des formes juridiques diverses, afin de répondre à un besoin d’utilité sociale et/ou collective. Cela implique des modèles entrepreneuriaux singulièrement différents des modèles d’entreprises à capitaux, car la ressource économique provient des apports des personnes, des activités, et parfois des subventions reçues. Ces modèles de l’ESS, parce qu’ils ne sont pas « branchés » sur une économie largement mondialisée et financiarisée, avaient démontré une vraie résilience pendant la crise financière de 2008/2009, qui avait lourdement frappé les activités qui y étaient liées. La crise que nous connaissons est en revanche une crise de l’économie réelle, puisqu’elle résulte de l’arrêt des activités ou de leur ralentissement du fait des contraintes imposées dans nos vies. L’ESS n’est donc pas épargnée, et ses modèles économiques, qui se caractérisent souvent par des réserves financières moins importantes notamment dans le secteur associatif, sont largement mis à mal en dépit des dispositifs de soutien mis en place. Au-delà des seules considérations économiques, le reflux de l’engagement bénévole compte tenu des contraintes sanitaires, est lui aussi un facteur de fragilisation.
2/ Des secteurs économiques sont en grande souffrance. En est-il de même pour le secteur de l'ESS ?
L’ESS est présente dans de très nombreux secteurs d’activité, et elle est donc pleinement impactée par la crise, au même titre que les autres acteurs économiques. On peut néanmoins distinguer deux grandes catégories. D'une part, les activités de santé, d'aide à domicile, de solidarité, qui sont en première ligne depuis le début de la crise, aux côtés des activités « essentielles » de la distribution et du commerce, de la banque et de l’assurance dans lesquelles l’ESS est fortement représentée. D'autre part, des activités emblématiques de l’ESS sont à l’arrêt comme la culture, le sport amateur, le tourisme social ou l’éducation populaire, avec des conséquences qui risquent d’être dramatiques, malgré les mesures gouvernementales de soutien et de relance. ESS France et les réseaux d’acteurs sont totalement mobilisés pour faciliter l’accès à ces dispositifs, pour que les entreprises et organisations de l’ESS soient traitées à l’égale des autres. Cependant, seule une reprise des activités pourra redonner une confiance suffisante en l’avenir, tant sur le plan économique que sur celui de l’engagement des personnes. Si cette crise qui touche l'économie réelle révèle le formidable potentiel de solidarité de l’ESS, elle en révèle aussi les fragilités des modèles financiers auxquelles il faudra remédier.
3/ ESS France rend visible la place des structures de l'ESS dans l'économie et la vitalité de notre pays. Quels sont les enjeux économiques et sociaux pour les prochains mois ? À plus long terme ?
La crise multiforme que notre pays traverse est l’occasion de donner sa chance à l’ESS. Les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire ne sont pas sans liens avec des choix publics contestables, que ce soit en matière d’organisation de la santé publique, de délocalisation de production industrielle… Nous avons pris collectivement conscience, parfois dans une certaine sidération, que notre modèle économique et social n’était pas aussi performant qu’il le prétendait et que nous le croyions. C’est à cela qu’il va falloir s’atteler, et j’ai la conviction que l’ESS fait partie des solutions, si l’on veut bien soutenir sa capacité d’innovation, de solidarité et de transformation. Il faut relever l’économie, mais il faut aussi la transformer en y intégrant les impératifs de solidarité et d’innovation sociale, de relocalisation et de cohésion territoriale, de transition énergétique et alimentaire… C’est pourquoi ESS France mobilise ses réseaux pour d’une part intégrer l’ESS dans les mécanismes de la relance, mais aussi d’autre part pour souligner « politiquement » combien les modèles entrepreneuriaux et les finalités de l’ESS sont en cohérence avec les enjeux : agir collectivement dans un but commun ; être soucieux de l’emploi des ressources (humaines, financières et naturelles) en agissant de manière durable et résiliente ; instiller de la démocratie et de la proximité dans l’économie ; enfin, s’extraire de la pression du résultat financier pour incarner une autre conception de la production et du partage de la valeur. C’est tout le sens du projet de la « République de l’ESS », une plateforme contributive ouverte à tous les citoyens, qui vise à fédérer et mieux faire connaître l’ESS aux citoyens et aux décideurs.
Jérôme Saddier : un parcours marqué par le mutualisme et l’ESS
Diplômé de sciences politiques et de relations internationales, Jérôme Saddier exerce depuis une quinzaine d’années des responsabilités de direction dans le mouvement mutualiste et l’économie sociale et solidaire. Nommé Président du Crédit coopératif en décembre 2020, il préside également ESS France et l’AVISE, agence d’ingénierie et de services pour le développement de l’économie sociale. Il est par ailleurs administrateur de SMACL Assurances depuis juin 2018.
Diplômé de sciences politiques et de relations internationales, Jérôme Saddier exerce depuis une quinzaine d’années des responsabilités de direction dans le mouvement mutualiste et l’économie sociale et solidaire. Nommé Président du Crédit coopératif en décembre 2020, il préside également ESS France et l’AVISE, agence d’ingénierie et de services pour le développement de l’économie sociale. Il est par ailleurs administrateur de SMACL Assurances depuis juin 2018.
L'info pratique : à quelles aides puis-je prétendre ?
Depuis le début de la crise, les structures de l'Economie sociale et solidaire (ESS) font face aux mêmes difficultés que les autres acteurs économiques, tout en étant souvent en première ligne pour répondre à la crise sociale. Le Gouvernement a mis en place une série de mesures pour les accompagner. Lancée en décembre 2020, une plateforme interactive leur permet d’identifier toutes les aides disponibles pour l’ESS.PLUS D'INFOS
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