La crise sanitaire entraîne des coûts supplémentaires
La co-activité sur les chantiers peut entraîner des accidents. C’est pour éviter ces derniers que la fonction de coordonnateur SPS (santé et protection de la santé) a été créée en 1993. Les mesures sanitaires modifient-elles les contraintes ? Rencontre avec Philippe Troutot, fondateur et gérant de EP2S Consultant.
Philippe Troutot, fondateur et gérant de EP2S Consultant.
Quelle est l’origine de la fonction de coordonnateur SPS ?
Le Code du travail a créé la fonction de coordonnateur SPS voilà une vingtaine d’années. Les professions du bâtiment déploraient alors chaque année 400 à 500 décès et de nombreuses incapacités permanentes.
La directive européenne à l’origine de l’article dans le Code du travail s’applique à tous les maitres d’ouvrage publics et privés dès la phase de conception de l’ouvrage, et dès lors qu’il y a au moins deux entreprises qui interviennent simultanément ou successivement.
Quelle est sa part de responsabilité ?
Le SPS impose au maitre d’œuvre les mesures de sécurité que les entreprises intervenant sur le chantier sont tenues de respecter. Sa prestation est fixée au regard du nombre de visites que le maitre d’ouvrage lui commande. Il agit d’ailleurs sous son autorité et lui fait part de ses comptes rendus de visites, et surtout de tout manquement qu’il aurait observé. Le Coordonnateur SPS peut stopper un chantier s’il observe une imprudence majeure lors d’une visite de contrôle, car le maitre d’ouvrage peut être mis en cause en cas d’accident sur son chantier.
Quelles sont les évolutions de la profession ?
Le métier évolue parallèlement aux professions du bâtiment en général. Ainsi, les recommandations des coordonnateurs doivent tenir compte des nouveaux matériaux utilisés. D’un côté le réflexe prévention s’est renforcé : aujourd’hui les nacelles élévatrices sont couramment utilisées, et réduisent les risques de chute. Mais les nouvelles constructions entraînent d’autres risques. Ainsi pour les bâtiments à haute performance énergétique, les artisans utilisent des isolants en façade extérieure qui peuvent mesurer jusqu’à 20 cms d’épaisseur. L’échafaudage ne pouvant plus toucher la façade, il faut installer un garde-corps intérieur.
Depuis un an, les artisans sont soumis à de nouvelles règles à respecter. Quelles sont les conséquences des gestes barrière sur les constructions ?
Le virus complexifie les mesures : il ne s’agit plus de gestes de sécurité mais de mesures sanitaires. Comment gérer le fait que les ouvriers se prêtent les outils ? Qui paie les équipements supplémentaires nécessaires aux règles sanitaires ou de distanciation (doublement des WC de chantiers, construction modulaire supplémentaire pour les repas, nettoyage des surfaces susceptibles d’être touchées, etc.). Ces coûts sont répercutés sur les maîtres d’ouvrage. Aussi des opérations sont abandonnées.
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